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Sock Monkey, de Tony Millionnaire, aux éditions Rackam (2003, 3 opus).

De quel esprit malade a bien pu naître Sock Monkey ? Quel déviant a imaginé mettre en scène un singe de chiffon et son copain le corbeau alcoolique, l’un et l’autre abonnés aux formules ampoulées et aux croyances fumeuses ?

Sous la plume hallucinée de Tony Millionnaire, oncle Gaby et Monsieur Corbeau vivent leurs aventures comme autant de petits contes jalonnés de non-sens et de cruautés enfantines : histoires de poupées mais histoires pour adultes, et questionnements éternels (où vais-je, dans quelle étagère ?) rédigés sur le zinc d’un bar, peut-être à la lueur d’un verre de trop.

Le dessin intemporel, héritier (ou bâtard?) d’une longue tradition de comics, le récit abrupt qui ne s’interdit rien, les déchirures propres et figurées qui jamais ne ternissent l’amitié guindée des deux compères, l’idiotie navrante savamment saupoudrée qui, à défaut d’un éclat de rire, fera glousser le lecteur sadique : tout concourt finalement à une expérience en-dehors des sentiers battus, du côté de la bande-dessinée underground américaine la plus déjantée.

Après une première BD achetée sur la foi d’une bonne critique ici (l’accoudoir), après un étonnement circonspect (le singe et son pote partent à la chasse avec un filet à papillon : cool ou pas ?), je me suis laissé convaincre. Non, attirer. Non, je suis devenu accro, complètement. J’en ai rêvé la nuit. Ou presque. J’ai donc acquis les deux autres albums via notre librairie préférée (je vous en parlerai un jour), ainsi qu’un ouvrage regroupant les différents univers de Tony Millionnaire.

De quoi assouvir ma fringale mais aussi confirmer la richesse d’un univers porté par une maîtrise brillante et un humour dont les fulgurances faussement naïves régaleraient un Terry Gilliam.

A consommer sans modération !

Sock Monkey, des bananes et des hommes

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